Voix de Palestine
Nous recevrons le poète Mosab Abu Toha le 20 novembre à 18h, c'est l'occasion de découvrir les auteurs et autrices de Palestine
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Anthologie de la poésie palestinienne d'aujourd hui
Abdellatif Laâbi
- Points
- Points Poesie
- 4 Mars 2022
- 9782757895009
Un de ces jours.
J'arracherai la porte.
Et me mettrai debout à sa place.
Afin de m'interdire de sortir.
Vers la fosse du monde.
Mazen Maarouf.
Cette anthologie pose un acte fort : réunir les plumes les plus prometteuses de la nouvelle poésie palestinienne, rompre le silence en redonnant une voix à celles et ceux qui vivent aujourd'hui dans la pénombre de l'impasse, presque invisibles, en tout cas inaudibles. S'y révèle un champ poétique entièrement renouvelé, espace sans limites où tout est encore possible : écrire, aimer, rêver, voyager loin, penser librement.
« Jamais auparavant nous n'avions eu, venant de l'aire culturelle à laquelle ces femmes et hommes appartiennent, une poésie s'inscrivant avec autant de naturel dans ce qui se fait de plus pertinent, de plus percutant en matière de poésie contemporaine ».
Abdellatif Laâbi
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Ce que vous trouverez caché dans mon oreille
Mosab Abu Toha
Coup de coeur- Julliard
- 3 Octobre 2024
- 9782260056485
En restituant les peines et les joies des habitants de Gaza dans sa poésie-reportage, Mosab Abu Toha donne chair à une terre en guerre, et à sa beauté insoupçonnée.
Sa plume concrète, fulgurante, raconte la violence qui s'infiltre dans tous les recoins de l'existence. Comme Gaza elle-même, ces textes sont remplis de décombres. Mais ils sont aussi empreints de beauté et d'une profonde humanité, nichées dans les objets du quotidien, les amitiés qui se nouent et la nature immuable. Ils sont imprégnés de l'odeur du thé et des roses en fleurs. Des enfants naissent, des étudiants vont à l'université, des bibliothèques sortent de leurs ruines, tandis que les Palestiniens trouvent de nouvelles façons de survivre et de créer de l'espoir. -
À l'instar des contes de Schéhérazade, il est des histoires qui peuvent sauver la vie. C'est la thérapie mise en oeuvre par le narrateur pour tenter de tirer du coma son père spirituel, héros de la résistance palestinienne. Au chevet du malade dans un hôpital presque désaffecté du camp de Chatila, il raconte les événements de la guerre civile libanaise tout juste achevée, les épisodes marquants de sa propre existence et les itinéraires souvent douloureux d'une poignée d'hommes et de femmes happés par l'histoire après leur expulsion de Galilée en 1948.
Dans son ardeur pour ranimer par le souvenir un corps végétatif, c'est tout un peuple qu'Elias Khoury fait vivre sous les yeux du lecteur, dans un roman ample et poignant, considéré unanimement comme le récit par excellence de l'exode palestinien. -
À la saison des abricots (paru au Caire en 2019) est un cycle poétique de Carol Sansour dont le pouvoir réside dans la façon dont il subvertit, sans effort, les représentations attendues tant de la cause palestinienne que de la féminité arabe.
Par une sincère, rafraîchissante et non affectée vision de soi et de sa patrie, Carol Sansour, originaire de Beit Jala, montre à quel point le discours littéraire moderne sur ces deux sujets s'est révélé peu convaincant et contre-productif. Pour cela, elle ne recourt ni à la contestation ni à la confrontation mais utilise la langue la plus organique - sans aucune distinction entre le dialecte palestinien et l'arabe standard, ou entre les registres poétiques et prosaïques - pour exposer les choses les moins rhétoriques.
Elle peut écrire : « Il se pourrait que l'idée de nationalisme arabe soit précisément l'idée de l'État d'Israël. » Mais c'est en remplaçant, par une présence sensuelle et physique, la patrie idéalisée et absente que les poètes arabes ont déplorée et à laquelle ils aspirent depuis la Nakba, qu'elle nous rend émotionnellement, intellectuellement, et peut-être même politiquement conscients de ce que signifie être une femme laïque, indépendante et socialement engagée en Palestine.
À la place d'un paradis qui n'existe pas, Sansour nous offre une terre brute où mères, filles, épouses et soeurs s'affrontent au quotidien et à l'universel. Et au lieu d'un « féminisme » occidental non situé qui recycle déclarations de l'onu et affirmations politiquement correctes d'une identité dépourvue de tout contexte arabe, elle nous propose une perspective féminine émancipée.
Tour à tour lyriques, narratives et polémiques, ces pièces intenses et concises traversent non seulement l'occupation et le patriarcat - que Sansour présente rarement sous leur nom - mais aussi bien la beauté, l'amour et l'impératif de rester un agent humain par opposition à un rouage dans la machinerie de quelque grand récit idéologique. Le résultat, pour rester fidèle à soi-même, n'en est pas moins « engagé » et éloquent.
Youssef Rakha, Al Ahram, 20 décembre 2019 -
" j'ai trouvé que la terre était fragile, et la mer, légère ; j'ai appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour fournir un lieu au lieu.
( ... ) n'ayant pu trouver ma place sur la terre, j'ai tenté de la trouver dans l'histoire. et l'histoire ne peut se réduire à une compensation de la géographie perdue. c'est également un point d'observation des ombres, de soi et de l'autre, saisis dans un cheminement humain plus complexe. " dans ces entretiens, dont quatre traduits de l'arabe et un de l'hébreu, mahmoud darwich retrace son itinéraire poétique, livrant en même temps un témoignage d'une brûlante actualité sur les multiples facettes de l'identité palestinienne.
" j'ai trouvé que la terre était fragile, et la mer, légère ; j'ai appris que la langue et la métaphore ne suffisent point pour fournir un lieu au lieu. ( ... ) n'ayant pu trouver ma place sur la terre, j'ai tenté de la trouver dans l'histoire. et l'histoire ne peut se réduire à une compensation de la géographie perdue. c'est également un point d'observation des ombres, de soi et de l'autre, saisis dans un cheminement humain plus complexe.
" dans ces entretiens, dont quatre traduits de l'arabe et un de l'hébreu, mahmoud darwich retrace son itinéraire poétique, livrant en même temps un témoignage d'une brûlante actualité sur les multiples facettes de l'identité palestinienne.
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« Composée de poèmes en prose ou de vers fondés sur des mètres libres, cette oeuvre déroule des aquarelles poétiques nées de l'exil et de l'errance : souvenirs pétrifiés de l'aéroport d'Athènes, fascinations périlleuses de Beyrouth, plaintes minérales de Damas, routes hallucinogènes d'Aden. L'écho des luttes politiques du peuple palestinien se retrouve ainsi dans une toponymie épique où surgissent les évocations mythiques de La Mecque, de Cordoue, de Sumer et de Babylone. La célébration des roses mystiques de Galilée se conjugue ensuite avec les réminiscences bibliques et coraniques de la légende de Joseph, de la Cène et de Marie, dans une plainte d'abandon désespérée, où le poète musulman retrouve les paroles du Christ sur la Croix. Au fur et à mesure des arabesques verbales, la nation éloignée devient un enjeu passionné, où l'amour charnel se confond avec les litanies de l'odyssée pour célébrer une prière de l'absence : « J'ai appris tout le langage et je l'ai défait pour composer un seul mot : Patrie.. » Un bestiaire fabuleux et la flore des contes apparaissent, au détour d'un cri, pour magnifier la nature blessée. L'évocation d'Homère et d'Eschyle apporte enfin le souffle tragique de la Grèce antique, comme pour mieux signifier la malédiction absurde des nouveaux Atrides du Proche-Orient. Par la diversification des références et des symboles. Darwich renouvelle un langage poétique recherchant toujours la mélodie harmonieuse du cantique ou du psaume. Nouveau journal d'exil de son peuple, ce recueil est aussi la moisson d'éternité des jours précaires du poète. » Bernard Moussali
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On a récemment pu écrire de l'oeuvre poétique de Maya Abu Al-Hayyat : « Depuis 20 ans, ses poèmes semblent vivre sur un carrousel : avec le temps ils reviennent pour raconter la même histoire ». L'anthologie qu'elle a composée à partir de ses trois derniers recueils procure exactement cette sensation d'un temps cyclique, voire immobile - celui de la situation des Palestiniens en Palestine. La vie pourtant quand même passe, « Oh merveille » écrit-elle, avec ses petits bonheurs, ses peurs abyssales, ses révoltes rentrées, ses accès de panique. Encore et encore.
À l'enseigne du titre qu'elle donne à l'anthologie, ses raccourcis ressemblent souvent à des litotes qui tournent mal. Quand par exemple elle demande « comment tu as traversé la rue », elle se doit de préciser « à ta sortie de prison ». Une poésie de la douche froide, comme sans y toucher. Le premier vers du poème Nous sommes tombés nous rassure, « Nous sommes tombés amoureux », et se poursuit plus loin par « Et nous ne savions pas que tu allais mourir / D'une balle côté gauche ».
Le recueil est une anthologie, composée par l'autrice Maya Abu Al-Hayyat, à partir de ses livres Ce sourire... ce coeur (2012), Robes d'intérieur et guerres (2015) et La peur (2021). La traduction s'efforce de respecter la limpide architecture formelle des poèmes et de perpétuer l'espèce de flottement d'une sensibilité à la fois toujours aux aguets et réceptive aux signaux faibles de la vie ordinaire pourtant presque impossible à vivre dans un tel contexte. -
écrire une histoire tue : Le massacre de Sabra et Chatila dans la littérature et l'art
Sandra Barrère
- Classiques Garnier
- Litterature, Histoire, Politique
- 28 Décembre 2022
- 9782406141051
Après un bilan historiographique, cet ouvrage étudie les récits et poétiques relatives au massacre perpétré dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila à Beyrouth en septembre 1982, à travers quatorze oeuvres évoquant cet événement à la fois fameux et passé sous silence.
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Préface inédite et choix de l'auteur
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Ma mère a refusé que quiconque écrive sur nos corps
Amine Hanine, Mustapha Benfodil, Thomas Azuélos
- Le Port A Jauni
- Poemes
- 16 Août 2024
- 9782494753150
"Ma mère a refusé que quiconque écrive sur nos corps" et c'est elle qui écrit : nom, prénom, père, mère, lieu et date de naissance..., pour que les corps ne se dispersent pas, pour que l'humanité demeure.
Lorsque nous entendons ce poème pour la première fois, il résonne avec les périodes sombres de l'espèce humaine. Il demeure et fait son chemin, dans nos corps, comme un cri pour l'humanité, venu de Palestine par la voix de Hanine Amine et de Mustapha Benfodil.
La peinture de Thomas Azuelos explore ce chemin et ce cri : il donne à voir le corps, entre lambeaux et humanité magnifiée, entre horreur et jouissance. -
Tu n'es pas un poète à Grenade
Najwan Darwish
- Le Castor Astral
- Poesie
- 21 Septembre 2023
- 9791027803613
Najwan Darwish est considéré comme l'un des plus grands poètes contemporains de langue arabe. Son écriture est fulgurante, elle inscrit le drame actuel de l'être palestinien au sein de la condition humaine.
- Au fil de ses poèmes Najwan Darwish convoque mémoire intime et mémoire collective.
Jérusalem et l e conflit israélo-palestinien hantent ce recueil : " Je n'ai pas de pays pour pouvoir y retourner / Je n'ai pas de pays pour en être exilé " [...] " Je ne prétends pas avoir d'autres proches / que ceux que j'ai perdus dans les guerres / l es exils les paradis promis ou en enfer. " - L'ardeur persiste face à l'impasse et aux désillusions même s'il confie avoir " essayé une fois de s'asseoir / sur un des sièges vides de l'espoir / Mais le mot reserved y était tapi comme une hyène ".
- Son écriture est fulgurante, elle inscrit le drame actuel de l'être palestinien au sein de la condition humaine. Abdellatif Laâbi affirme que sa poésie est " amère et rugueuse " et qu'elle est là par " pulsion vitale" -
Au dernier soir sur cette terre
Mahmoud Darwich
- Sindbad
- La Petite Bibliotheque De Sindbad
- 25 Mars 1999
- 9782742722099
" jamais nos exils ne furent vains, jamais en vain nous n'y fûmes envoyés.
Leurs morts s'éteindront sans contrition. aux vivants de pleurer l'accalmie du vent, d'apprendre à ouvrir les fenêtres, de voir ce que le passé fait de leur présent et de pleurer doucement et doucement que l'adversaire n'entende ce qu'il y a en eux de poterie brisée. martyrs vous aviez raison. la maison est plus belle que le chemin de la maison. en dépit de la trahison des fleurs. mais les fenêtres ne s'ouvrent point sur le ciel du coeur et l'exil est l'exil.
Ici et là-bas. jamais en vain nous ne fûmes exilés et nos exils ne sont passés en vain. et la terre se transmet comme la langue " (extrait).