Alors que les jardineries présentent toujours plus de produits manufacturés, ce livre est une invitation à renouer avec les matériaux disponibles dans notre environnement proche. Bois, pierre, terre cuite, verre, paille ou métal oxydé, ces matériaux modestes peuvent retrouver une place de choix dans tous les jardins, même les plus contemporains. S'il existe de nombreux livres sur les techniques de jardinage, peu d'importance est en revanche accordée aux éléments qui peuvent structurer un jardin : clôtures et pergolas, jardinières et tontines, paillages, tressages, plessages... En s'appuyant sur de nombreux exemples pratiques, Patrick Genty et Alain Renouf proposent une approche sensible du jardin, à la fois simple et écologique.
Le nom du monde est jardin prend le jardin comme un lieu unique et original, un espace ouvert au reste du monde, propre à faciliter la réflexion globale sur son quotidien, ses actes et leur cohérence, sur le sens à donner à sa vie.
Puisque le jardin et les plantes nous habitent et font partie de nous, le jardin ou ce qu'il évoque est une source d'inspiration et d'émerveillement.
Ce qui s'y fait et s'y déroule est en connexion étroite avec d'autres sphères de notre quotidien.
C'est un miroir de nous. Si le jardin va bien, la nature ne pourrait-elle aller mieux, le monde également ? Ces gestes ronds, ces pratiques respectueuses, ces outils et ces objets façonnés localement font de nouveaux jardins, de nouveaux lieux de production plus humains, et la nature tout autour semble s'en satisfaire. L'ouvrage se décline en 10 chapitres, écrits sur un mode à la fois personnel, militant et pédagogique.
Chacun d'entre eux présente un ensemble de pratiques qui font sens, prétexte à une réflexion plus universelle. Quelques dessins au trait viennent illustrer certaines des pratiques décrites.
Un carnet pratique avec adresses et références bibliographiques conclut chaque chapitre.
Le jardin, qu'il soit verger, espace de cultures de plantes potagères, cour de temple, jardin palatial ou privatif, est un espace clairement délimité, où un savoir-faire technique est mis au service d'un idéal. La projection symbolique témoigne du souhait de recréer un paradis originel, d'asservir le règne végétal, de montrer de manière ostentatoire sa fortune ou de s'attirer la bienveillance des dieux. Elle se matérialise au travers de réalisations de différentes échelles, depuis les parcs jusqu'aux espaces intimes des patios, toutes réunies sous le vocable de «jardin» dont la mise en oeuvre est directement issue de l'origine agricole des cultures et d'une conscience du divin.
Avant de franchir l'enceinte du lieu et d'en expliciter les arcanes qui règlent son contenu, nous devons nous interroger sur son origine et sur les raisons qui conduisent, à l'aube naissante des grandes civilisations, à l'apparition d'un espace consacré, fortement inscrit dans l'articulation de cités qui représentent une nouvelle forme d'organisation sociale. A ceci se superposent la maîtrise des techniques et l'apparition des premiers cultes ; ces facteurs d'évolution se mettent en place au Proche-Orient autour de la période néolithique et servent de piliers fondateurs aux jardins de l'Antiquité.
Situé à la charnière d'une double contrainte, celle de réaliser, en utilisant la terre, l'eau, les outils et les végétaux, un espace réel et clairement défini retraçant un désir symbolique ou sacré, le jardin ne nous est parvenu que sous la forme de représentations ou de narrations, elles-mêmes teintées de symbolisme et imprégnées des canons artistiques en vigueur dans les différentes civilisations. Ici point - ou peu - de vestiges archéologiques : les végétaux n'ont pas survécu aux affres du temps et les différents ouvrages mis en oeuvre dans l'espace «jardin» ont souvent disparu. Seuls subsistent les éléments massifs (structures hydrauliques, canaux et murs d'enceinte), qui nous informent de l'ampleur des réalisations.
Il n'est pourtant pas impossible de dresser un aperçu de ce que fut la genèse du jardin en Mésopotamie et en Egypte. A mi-chemin entre l'idéal et le matériel, la promenade dans les jardins de l'Antiquité nous entraîne dans un espace empreint de sacré qui, au-delà de la culture des végétaux et la maîtrise technique, pose les bases d'un rapport au paysage et à la nature qui continue de nous inspirer. Plus de trois mille ans avant notre ère, les rives du Tigre et de l'Euphrate vont servir de cadre à l'apparition d'un espace de plantation jusque-là inconnu, un «enclos de fête», qui poursuit sa maturité au bord du Nil, subit de multiples influences orientales avant de franchir la Méditerranée et de rejoindre la Grèce, puis l'Italie romanisée.