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Antonia Vicens
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Lovely, premier recueil de l'auteure majorquine, doit son titre au nom d'un parfum offert par les démonstratrices du rayon parfumerie du Corte Inglés. Un parfum qu'elle ne portera jamais. Le seul parfum possible, c'est celui de l'enfance qui ressurgit lorsque le père, exilé dans la maison de sa fille, puis hospitalisé, décède. Seule la poésie peut prendre en charge la puissance de cette figure de marin issu d'une famille pauvre, affligé des maux qu'il a contractés au prix d'un travail acharné, amoureux de sa barque, de la mer, père et mari, dont la rudesse s'avère pleine de pudeur et d'une tendresse inexprimable. La voix qui elle s'exprime est bien celle d'Antònia Vicens, autobiographique, fidèle aux cent détails de son passé : maison, chemins, plantes, assiettes. Ce qui ne l'empêche pas de donner la parole tantôt à ce père taiseux, qui parfois évoque son passé, tantôt à la femme du marin tout aussi rude que son homme, et dont la fille imagine les frustrations.
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Après Lovely (LansKine, 2021) sont publiés ici les trois livres de poésie suivants d'Antònia Vicens. Une écriture pour dire la douleur, l'acceptation révoltée de la réalité et de la souffrance, et ne laisser sur la page que ce cri : « Quand j'ai vu que la vie qui m'attendait resterait dans la plus ancienne tradition patriarcale, j'ai pris la plume avec toute ma capacité de révolte. Comme si c'était un scalpel pour connaître les blessures en profondeur. Ou un creux pour remuer de vieilles servitudes. Pour moi, écrire a été, est liberté. » Anthologie des femmes poètes à Majorque. Palma, Lleonard Muntaner editor, 2014.
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Livre bilingue Catalan/français Dans Papa que fait-on de maman morte, Antònia Vicens reprend le thème de la mort, du rapport entre père et enfant, qui étaient déjà présents dans Lovely. Ici, le désespoir ressenti par l'enfant est extrême, il n'obtient jamais de réponse de son père, le laissant errer dans un monde entre mort et vie. Des voix et des ombres parcourent ses poèmes, chacune avec dans l'écriture son propre rythme, sa propre logique. Morts et vivants, la frontière reste flou tout comme celle entre la normalité et la folie. Ce texte porte en lui une sorte de réalisme magique qui contient toutes les questions fondamentales qui se posent à nous, dans une écriture qui en appelle aussi bien au rêve, aux fantômes qu'à la réalité la plus prosaïque.