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Bandes dessinées / Comics / Mangas
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Publié pour la première fois en 1975, bien avant que l'on ne commence à parler de "roman graphique", La Cage est aujourd'hui considéré comme un classique, cité dans la plupart des ouvrages sur la bande dessinée.
En 180 pages que ne traverse aucun personnage, Martin Vaughn-James bâtit un univers obsessionnel d'une rare puissance à partir de l'incessante transformation de quelques lieux et quelques objetsMais derrière la folie baroque de ce monde décomposé, se dissimule un dispositif d'une implacable rigueur, derrière le vertige des motifs, la netteté d'un trait "ligne claire".
L'ouvrage est accompagné d'une préface de l'auteur et suivi d'un essai de Thierry Groensteen, « La construction de La Cage », illustré de nombreux documents extraits des carnets de travail de Martin Vaughn-James. -
Fin de la première journée.
Il n'est pas venu. J'essaierai encore demain : peut-être viendra-t-il, ne serait-ce que pour défier la loi des probabilités. Je le vois déjà, avec son feutre, debout dans son imperméable, comme sur les photos, le col relevé, le dos à l'objectif, cloué au bout de la jetée comme une paire de jumelles sur leur socle, fixant l'horizon lointain comme si plus rien d'autre n'existait. Oui, exactement ainsi, le chapeau baissé sur le front, la tête tournée, répétant sans cesse les mêmes phrases brèves et incompréhensibles, qui finiront par le rendre malade et qui bourdonneront dans ses oreilles comme un dernier roulement de tambour.
Il y aura un bruit de pas derrière lui, le contact glacé d'un canon noir contre son cou et pari - une maudite éclaboussure en travers du ciel. Les vagues viennent se briser, dans une monotonie lugubre, le long du sombre littoral. Par-delà les derniers pilotis noirs de la jetée, le ciel et la mer se confondent derrière un rideau de pluie grise. L'air salé, les algues, le crissement des galets sous les pas, l'inévitable cri des mouettes - tout y est, je suis chez moi.
Vers l'intérieur, dans les quartiers est de la ville, le crépitement des armes automatiques décroît, s'éteint. Demain, je reviendrai.
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« Dans cet hôtel, il doit y avoir plusieurs centaines de chambres. Entre le hall et celle que j'occupe, j'ai compté pas moins de vingt-cinq portes. Mais ce nombre est variable, tantôt supérieur, tantôt inférieur. Sans parler de tous ces escaliers et de tous ces couloirs dont on ne voit jamais le bout. Qu'importe, une vingtaine de chambres noires suffisent amplement à les noyer dans le doute et à m'accorder un sursis, une chance de plonger à terre et d'ouvrir le feu le premier. »
En attendant ses démons pour le règlement de compte final, le narrateur échappe à ses cauchemars en s'immergeant dans des fragments de séries noires imaginaires.
Après ces deux chefs-d'oeuvre du roman graphique que sont La Cage et L'Enquêteur, Martin Vaughn-James nous emmène dans un troisième labyrinthe. À travers une fine et dense succession d'images et de mots, il nous plonge dans la mémoire onirique de nos propres chambres noires.
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Influencé par le Nouveau Roman, Martin Vaughn-James dessine (ligne claire) et publie en revue à la même époque des mises en abîme de désastres intérieurs " avatars de la logique narrative, pièges de l'espace graphique, apories du temps du récit " (J.P Vidal). C'est aussi le lieu de la violence immobile, où les avions peuvent être de papier et le froissement aussi symbolique que le fil épais qui enserre. Ces dessins regroupent des publications en revues depuis 1973 (revue Minuit). Ils peuvent être accompagnés de petits textes. Ils sont parus une première fois en 1982.