En France la forêt est un mythe national et ancestral. Jules César redoutait déjà « la Gaule hirsute », recouverte de forêts, peuplées certes de belles sylves et nymphes méliennes, mais aussi de barbares redoutables.
Conteur hors pair, Alain Baraton nous invite à nous promener en sa compagnie dans quelques-unes de plus belles forêts de France. Le jardinier en chef de Versailles a noué une passion particulière pour les arbres. Il a été l'un des premiers en France à alerter sur les dangers qui les menacent, comme lors de la Tempête de 1999 qui signa la mort du tulipier de Marie-Antoinette, suivie de celle de son chêne, terrassé par la canicule de 2003. Qui a oublié l'image de ce géant déraciné, gisant dans la cour du Grand Trianon devant une foule venue le saluer une dernière fois ?
Illustres ou obscurs, les arbres sont des témoins de notre histoire. Les forêts nous racontent notre mémoire collective, celle de Compiègne, dans laquelle fut signé l'armistice de 1918, abrite le chêne du roi Saint Louis. Elles nous parlent de nos peurs et de nos rêveries, grandes et petites, comme la mythique forêt de Brocéliande, ou encore la terrible forêt de Mercoire qui abrita la bête du Gévaudan. Elles réveillent nos souvenirs d'enfance, quand la forêt des contes, hostile, initiatrice, est aussi bienveillante, peuplée de féérie.
Dans ce livre fourmillant d'anecdotes et de gai savoir, Alain Baraton nous parle aussi d'écologie heureuse et nous donne une bonne nouvelle : en France la forêt avance, elle a doublé sa superficie depuis 1850.
J'ai 23 ans et je vais mourir.
Nous sommes en 1992.
La science ne se trompe jamais. Je suis atteint d'une maladie incurable.
Je ne devais donc pas devenir, trente ans plus tard, l'homme qui allait faire exploser le schéma bancaire mondial. Cet auditeur inconnu, courtisé par les services secrets, qui finirait par coûter 1,8 milliard d'euros à UBS, le géant mondial de la gestion de fortune.
Mais la médecine m'a accordé un répit. Pour, enfin, vous raconter mon histoire.
Celle d'un lanceur d'alerte, pour qui le plus dur commence quand tout s'arrête : le départ de l'entreprise est une libération trompeuse.
Je compte bien vivre le plus longtemps possible...
Laure Gasparotto a un rêve : devenir vigneronne. Ne plus seulement goûter et analyser les crus, légendaires, oubliés, novateurs, ni même les raconter mais tenter l'aventure à son tour. Mère de deux enfants et récemment séparée de leur père, la narratrice décide de tout changer. Épaulée par quelques amis, elle quitte Paris et achète un terrain dans les terrasses du Larzac. Ainsi naît son domaine, Les Gentillières. Au coeur de ces vallées pierreuses et secrètes, où la terre et le ciel luttent et échangent, l'enthousiasme l'emporte. La nature se donne, les jeunes enfants courent et arrachent le raisin rougissant, c'est déjà l'excitation des premières vendanges... Le monde de la vigne, pétri de légendes et de savoir-faire ancestral, est aussi un commerce, où il faut « faire son vin », le nommer, dessiner l'étiquette, le laisser prendre, le faire découvrir. Une aventure totale, entre chais, tracteurs, sécateurs et grêles...
Car le métier est rude, obsédant et dangereux. La vigneronne est seule dans ses champs, isolée face aux raideurs de l'administration et dans un univers masculin. La vigne réclame, la vigne vampirise. Ce n'est pas un métier mais une vie...
Dans ce récit de métamorphoses, Laure Gasparotto raconte ce changement de vie.
Ce récit raconte l'histoire véritable que le célèbre naturaliste américain John Muir a vécu avec un chien lors d'une expédition en 1880. Il s'agit d'un des livres les plus célèbres de cet auteur et certainement une histoire de chien les plus connues. On peut en avoir une lecture directe comme un traditionnel récit d'aventure, mais l'intention est plus profonde : il s'agit d'une analyse des relations entre l'homme et l'animal, qui vise à les rapprocher et à montrer finalement qu'ils ne sont pas si différents. Stickeen était au départ un petit chien inamical, mais après avoir survécu à un voyage périlleux à travers un glacier, il évolue et se laisse apprivoiser par l'homme qui constate que nos « frères horizontaux » ne sont pas si différents de nous au fond. Toute sa vie, John Muir conservera un culte particulier envers Stickeen. Il en parla souvent après son expédition, mais il lui faudra près de vingt ans pour écrire son récit et le publier dans une revue. Il remaniera à plusieurs reprises avant de le mettre en livre. Ce récit a souvent fait l'objet de publications illustrées pour la jeunesse. C'est un grand classique qui mérite une édition courante en langue française.
Minnie Dean est en Nouvelle-Zélande l'équivalent du croquemitaine, une héroïne de comptines qui fait peur aux enfants. Accusée d'avoir tué plusieurs enfants mis en pension chez elle, elle a été, en 1895, l'unique femme condamnée à mort et pendue. Minnie Dean était une nourrice, ce qu'on appelait une baby farmer.
Amaury da Cunha, fasciné par ce personnage, profite d'un séjour en Nouvelle-Zélande pour mener l'enquête, retrouver des documents d'époque, parler aux biographes et observer la vivacité de son souvenir chez les habitants de l'île. Des coïncidences rythment son voyage, qui tissent le récit mystérieux d'une obsession nationale autant que personnelle. Tout le monde parle de Minnie, tout le monde a peur de Minnie, et personne cependant n'est totalement convaincu de sa culpabilité.
Quatre amis assassinés au bord d'un lac en Finlande, une famille de fermiers tuée en France, une jeune maman torturée en Grèce, une adolescente disparue en Australie... Les histoires que vous allez lire sont toutes vraies et ont fait les gros titres des journaux ces dernières années. Pour chacune, découvrez le déroulé des faits et de l'enquête, la psychologie des protagonistes, les débats pendant les procès et des focus sur les avancées de la criminologie.
Comme il le fait si bien sur sa chaîne Youtube, McSkyz nous tient en haleine au fil de ces 10 affaires de true crime françaises et internationales, ultra-documentées et racontées comme si vous les viviez en direct.
À Chamonix, la jolie Parisienne Brigitte Collonges n'était venue chercher que le soleil et le plaisir des fêtes mondaines. Or, Zian, un jeune guide dont la montagne est toute la vie, lui révèle les joies de l'exploit et la splendeur des paysages intacts... Un exaltant partage qui devient grand amour. Cependant, tandis que Zian se consacre à sa passion, Brigitte découvre la solitude et les angoisses de l'attente. Entourée de villageois hostiles, elle étouffe. Et cette montagne, qui avait su les réunir, lui apparaît comme une rivale, vouée à les séparer.
C'est le simple « récit-photo » d'un voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie. La tentative pour porter, sur un corpus d'images inédites réunies clandestinement par Emanuel Ringelblum et ses camarades du groupe Oyneg Shabes entre 1939 et 1943, un premier regard.
Images inséparables d'une archive qui compte quelque trente-cinq mille pages de récits, de statistiques, de témoignages, de poèmes, de chansons populaires, de devoirs d'enfants dans les écoles clandestines ou de lettres jetées depuis les wagons à bestiaux en route vers Treblinka... Archive du désastre, mais aussi de la survie et d'une forme très particulière de l'espérance, dans un enclos où chacun était dos au mur et d'où très peu échappèrent à la mort.
Images de peu. Images éparses - comme tout ce qui constitue cette archive. Mais images à regarder chacune comme témoignage de la vie et de la mort quotidiennes dans le ghetto. Images sur lesquelles, jusque-là, on ne s'était pas penché. Elles reposent cependant la question du genre de savoir, ou même du style que peut assumer, devant la nature éparse de tous ces documents, une écriture de l'histoire ouverte à l'inconsolante fragilité des images
La Vision est le récit d'un jeune Français parti s'initier au chamanisme en Mongolie. La poursuite d'une transmission qui se déploie au coeur d'une aventure spirituelle et amoureuse parsemée d'épreuves, à la lisière de l'invisible... pour que la connaissance soit sauvegardée et sa portée révélée.
«?«Et si l'infiniment petit était plus riche que l'infiniment grand??» me demande la chamane. «Après tout, ne s'agit-il pas de chercher ce qui est déjà au coeur, en soi plutôt qu'à l'extérieur??» Ce sont les derniers mots que prononce ce soir Otharjanat la guérisseuse, avant d'enfiler la coiffe rituelle que je viens de lui tendre. Puis elle commence à battre du tambour, prête à ouvrir la porte entre les mondes.?» Deuxième volet de la trilogie Shaman, La Vision est le récit d'un jeune Français parti s'initier au chamanisme en Mongolie. La poursuite d'une transmission qui se déploie au coeur d'une aventure spirituelle et amoureuse parsemée d'épreuves, à la lisière de l'invisible... pour que la connaissance soit sauvegardée et sa portée révélée.
« Tsenek me regarde stupéfait. La foudre m'a frôlé, et il sait.
L'orage est passé, mais le vent souffle encore sur la steppe illuminée par le retour du soleil.
Un éclair a frappé. Tsenek sait ce que cela signifie. La désignation.
La guérison. La charge aussi. Et parfois le fardeau. » Premier tome de la trilogie Shaman, La Quête est le récit initiatique d'un Européen parti en Mongolie suivre les enseignements d'une grande guérisseuse d'Asie centrale. Une aventure spirituelle et amoureuse à cheval entre deux mondes... pour que la flamme soit ravivée et le feu partagé.
Cameroun, 2003. À quinze ans à peine, François Roméo perd son père et se retrouve du jour au lendemain chef de famille. Alors commence la valse incessante de petits boulots ne lui permettant pas de subvenir aux besoins des siens. Jusqu'au jour où il décide de partir pour réaliser son rêve de devenir joueur de foot professionnel et gagner l'argent qui lui fait tant défaut. Mais il échoue. De « voyageur », il devient migrant. Condamné à vivre dans la rue, à voler pour se nourrir, emprisonné, battu à mort au pied des grillages de Melilla, abandonné en plein désert, autant d'épreuves qui, au lieu de le briser, éveillent en lui une volonté farouche de se battre. Refoulé au Mali, François Roméo décide de tendre la main à tous ceux qui, comme lui, ont un jour tout quitté dans l'espoir d'une vie meilleure. Dans ce combat contre les injustices, il trouvera son salut et la force nécessaire pour reconstruire sa vie et renouer avec le bonheur à des milliers de kilomètres de son pays natal.
Chaque matin, Charline réveille sa voiture et sa motivation pour se rendre chez sa «patientèle». Elle a ses chouchous, tels que ce vieux couple qui se chamaille avec affection, et des patients difficiles, comme cet homme alcoolique et violent face à qui elle se sent si vulnérable. À chacun, elle prodigue des soins et un peu plus. Un coeur attentif, qui écoute sans compter, même si ce n'est pas remboursé. Voilà ce qui rend ce métier si exposé, si dur parfois, et surtout si précieux.
Franchissons avec Charline les portes de ces maisons habitées par la maladie, la solitude, mais aussi la joie, l'espérance, l'humour (et toutes sortes d'animaux).
Tendres, poignantes ou cocasses, ces histoires racontent cette profession à laquelle nous confions ce que nous avons de plus intime, de plus fragile, et de plus cher : nos malades.
Voici une fresque audacieuse et très riche ! Elle retrace les grandes étapes de l'histoire de la bombe atomique depuis le début du siècle dernier jusqu'à aujourd'hui et les grands faits scientifiques, historiques et politiques qui l'ont accompagnée.
Mais ce n'est pas la seule audace de ce livre.
« Entrée en matière » est écrit comme un roman s'appuyant sur le parcours d'une femme « entrée en chimie », inspirée par les figures féminines et scientifiques d'Irène et de Marie Curie. Il offre un regard authentique sur la vie de deux scientifiques, sur leurs difficultés et leurs enthousiasmes, sur une vie de famille dans ce contexte et, sur celle, encore plus particulière, d'une femme issue d'un milieu modeste qui prend en main sa destinée.
Le récit est haletant et l'audace se niche aussi dans la forme, alternant des descriptions détaillées, des temps plus saccadés rythmés par des phrases très courtes et des passages de prose poétique qui soulignent et intensifient les émotions. Le rythme emporte le lecteur.
Les plus exigeants trouveront également, à la fin du livre, une chronologie qui leur permettra d'aller plus loin.
Parfois, tout ce que nous pouvons faire, c'est nous abandonner à nos circonstances, à nos désirs et à nos peurs, à notre besoin d'évasion, à nos échecs, à notre douleur, à notre état sauvage intérieur, à notre domestication et, de ce fait même, nous abandonner à l'essence qui est au centre de notre être. Alliant chronique, récit de soi et de la nature, Abandon raconte l'Amérique indomptée et ses paysages sauvages.
A l'aube de la cinquantaine, l'auteure Joanna Pocock quitte sa vie londonienne pour le Montana. Elle observe le territoire, découvre l'imaginaire frontalier de l'Ouest américain et ses extrêmes. Elle traverse les forêts et les montagnes, dialogue avec les rivières, les loups et les bisons, relate ses expériences : maternité, deuil, crise climatique, réensauvagement, écosexe... Consciente de ce que l'humanité perd dans sa relation avec la terre, elle se met à l'écoute de ces communautés qui disent la fragilité de ce que c'est que vivre.
En restituant l'Amérique dans sa démesure, Abandon aide à respirer. Née à Ottawa, Joanna Pocock vit à Londres, où elle enseigne la création liittéraire. Abandon, son premier livre, est acclamé par la critique.
" J'ai dit au revoir à Karl ce matin. Pour toujours. Son âme et son corps ont disparu. Dans cette journée chaotique, beaucoup de monde. Trop de monde. Et puis les potes, les vrais, qui sont venus dîner ici. Programme de demain ? Presque rien. Pas envie de me coucher. Je range tout, je lave, je nettoie. Je suis comme ça, j'aime que ce soit nickel, propre, impec. Vider les cendriers, rincer les verres.
Je ne bois pas, ne fume presque jamais, mais ce soir... " Pendant plus de vingt ans et jusqu'aux derniers instants, Sébastien Jondeau, tour à tour garde du corps, chauffeur, assistant et mannequin, a connu un destin unique aux côtés de Karl Lagerfeld. Ce livre est un album photo, une plongée dans sa vie d'avant. De la cité aux défilés, son quotidien avec Karl, dans l'ombre comme dans la gloire.
La Farine est le premier livre de Benoît Damon. Sous-titré Une confession, l'ouvrage avait retenu l'intérêt de la critique comme du public. Récit âpre et tendu des années vécues entre l'adolescence et l'âge d'homme par un narrateur « en miettes », « un pitre humilié », « une caricature de Pierrot lunaire » qui se « pique à la poudre de Perlimpinpin pour garder la forme », cette remémoration d'une jeunesse fourvoyée par on ne sait quel tour de magie noire ou blanche signalait la naissance d'un écrivain. Dans une prose creusée, lapidaire et pointue, le narrateur évoque son apprentissage de boulanger-pâtissier. Les lieux, les hommes se rappellent à lui. Et les années de formation qui bien souvent déterminent la courbe d'une vie sont ici ramenées, contenues dans de brefs chapitres arrachés au silence comme autant d'éclats tranchants. Par-delà un hypothétique lecteur futur, c'est à sa mère que Benoît Damon adressait cette confession. La rage de lire qui très tôt s'est emparée de lui, ainsi que la puissance de vie léguée par «les écrivains morts» viennent éclairer la sombre traversée. Tout à la fin, une soudaine réconciliation « de moi à moi, et de mon être au monde » alertera le narrateur sur une métamorphose en cours qu'il était loin de soupçonner...
Des villes cosmopolites, des véhicules volants, des habitants sous la mer ou la symphonie féerique de l'électricité... Loin des angoisses dystopiques ou totalitaires, les auteurs du XIXe siècle réinventent le futur et imaginent un avenir poétique et radieux, placé sous le signe d'un progrès triomphant.
Cette anthologie rassemble des extraits de : Au vingt-neuvième siècle de Jules Verne, Le Vingtième Siècle et En 1965, Roman prophétique d'Albert Robida, Paris depuis ses origines jusqu'en l'an 3000 de Léo Claretie, Le Railway aérien d'Higrec, La Machine à explorer le temps d'H. G. Wells, Le Monde tel qu'il sera d'Émile Souvestre et Contes pour bibliophiles d'Octave Uzanne.
Récit de l'auteur malgache Raharimanana qui entremêle légendes, mythes fondateurs et réalités contemporaines. Soucieux de restituer la mémoire trop souvent trahie par les récits, l'auteur reviste les luttes de libération, les formes de résistance et d'utopie. Il met en place une cosmogonie où tout se tisse dans une diversité de voix, de perspectives poétiques et politiques, rassemblant des formes singulières d'écriture et de transmission de la parole. Un enfant mort-né raconte la genèse du monde. Il fait appel aux mythes pour dire les dérives totalitaires et la quête de liberté. Fable contemporaine qui rétablit la relation entre les temps, passé et présent, les ancêtres et le monde contemporain, l'Esprit et le réel, le récit se donne à lire comme fibres à tisser l'humanité. Point de vue de l'auteur : "Tisser", c'est le récit de la vie. La vie faite de plusieurs fibres, chaque fibre ayant sa nature, sa force, mais unie à d'autres, forme le tout, le motif, le sens, la force, la délicatesse. Tisser, c'est se connaître comme fibre, et accepter de se lier à d'autres pour une existence plus vaste. Tisser pour moi, c'est avoir cette hauteur de vue, prendre soin de chaque fibre, chaque fil tout en se projetant sur le tissu à réaliser. * Dans ce récit, la politique comme la poésie ont les mots comme matériaux. La politique, celle qui est au service des citoyens, la politique doit tenir compte des uns et des autres, et justement "tisser" le juste milieu. La poésie, elle, renouvelle ou ravive, toujours l'essence des mots, remet le sens et la beauté au centre des échanges. La poésie est politique car elle interroge le monde, propose une vision, bouscule sinon révolutionne le langage.
Kyoto, dans les années soixante-dix.
Le récit est rédigé à la première personne : un jeune Français s'initie à la cérémonie du thé chez madame Yamamoto, la sensei (celle qui transmet son savoir et son expérience). On attend l'arrivée d'une des participantes, Shimizu-san. Son prénom, Ichie (à prononcer Itchié), évoque à la fois la « rencontre » (ichie) des deux jeunes gens autour du thé et le terme bouddhique ichigo ichie, littéralement "une fois, une rencontre", qui fait partie de la Voie du thé.
Le sentiment entre les deux élèves de Yamamoto sensei prenant doucement naissance, Ichie dévoile au jeune homme le secret tragique de sa famille à l'occasion d'une cérémonie du thé inhabituelle.
Dans cette histoire sans pesanteur, aussi légère que les gestes du thé et presque sans intrigue, tout est dans l'atmosphère, dans un sentiment d'étrangeté et de fascination qui emporte le lecteur, et dans la conduite d'une histoire savamment agencée. On pense au film sorti en 2020 de Tatsushi Ômori, Dans un jardin qu'on dirait éternel, et à Nuée d'oiseaux blancs, de Kawabata Yasunari. L'expérience de la diversité donne ici aux voix de l'intime les moyens de se livrer dans une narration sensible, récit de l'autre et révélateur de soi.
Les écrits à caractère autobiographique sont extrêmement rares dans l'oeuvre du philosophe de l'École de Francfort, et d'autant plus précieux. Adorno s'y révèle, dans tous les sens du mot. Il y parle de musique, de son adolescence, de ses rencontres. Il multiplie les anecdotes à valeur sociologique. Et surtout, ces souvenirs sont littéralement incarnés car spécifiquemet reliés à un lieu. Amorbach, c'est le nom d'une ville d'Allemagne et aussi celui d'une abbaye bénédictine. Petite ville qui, par un phénomène de miroir inversé, permet à l'auteur de parler de l'Amérique, de la standardisation et, là aussi, d'industrie culturelle. L'on saisit mieux à la lecture de ces textes la genèse d'une philosophie de la radicalité.
« On voit bien que ça été parfois très violent pour vous. Mais vous n'avez rien dit. Comment fait-on pour tenir ? » Au moment où la parole des femmes se libère enfin, beaucoup d'entre elles m'ont demandé de m'exprimer sur ce qu'une femme en politique subit en silence. Et de plus en plus d'hommes me disent : « Parlez pour nos filles, nos compagnes, nos soeurs. » Je me suis donc accordé ce droit de dire, et ce droit est vite devenu un devoir. La raison du silence des femmes, c'est la peur de l'humiliation. Ce fut difficile et parfois douloureux d'écrire, car il m'a fallu revivre des épreuves que j'avais rangées dans ma mémoire.
De plus, j'ai appris de ma longue expérience des combats écologiques la ressemblance entre les violences faites aux femmes et celles faites à la nature, avec des prédateurs qui maltraitent, salissent, exploitent, trop souvent en toute impunité. Le même vocabulaire. La même loi du silence.
S. R.
Variations de la lumière, anecdotes, saveurs, Marie Gevers déroule en ce journal météorologique mille observations du ciel, des éléments, de la flore et de la faune dans le grand jardin de Missembourg. Les hommes y passent, à l'arrière-plan. Collectionneuse de mots pour dire tout ce qui la touche, elle s'attarde sur « azur », énumère les surnoms des plantes, cherche le « bel origan » dans un dictionnaire de botanique, prête un caractère aux arbres. Tantôt conteuse, tantôt poète, mémorialiste de Missembourg, Marie Gevers écrit Plaisir des météores en amoureuse de la vie sous toutes ses formes, traverse pour nous l'automne, retrouve les jours et les nuits de neige.
Carola Rackete s'adresse à nous. Nous sommes « la génération du changement ». Activiste écolo, elle invite nos sociétés à réévaluer nos valeurs et transformer notre modèle. Cette parole engagée sera d'autant plus précieuse, à l'issue de la crise du coronavirus, dans ce que l'on appelle parfois « le monde d'après ».
Carola Rackete a 31 ans. Celle qu'on a appelé « Capitaine Courage », n'a pas hésité, quand, le 29 juin 2019, aux commandes du bateau de secours le Sea Watch III, elle a accosté à Lampedusa pour sauver 40 migrants. Matteo Salvini, alors ministre de l'Intérieur italien, avait interdit le débarquement. Carola Rackete est passée outre. Son geste a été salué en Europe et sur les réseaux sociaux. Les médias l'ont présentée comme une Antigone moderne.
Dans ce manifeste incarné, elle nous alerte sur la planète et sur notre rôle: « Il est urgent que nous changions nos manières de faire. Fondamentalement, ce n'est pas un problème pour les humains de trouver des solutions créatives. Nous sommes une espèce très inventive ! » Il est temps d'agir, prévient-elle. De changer. Plus que jamais.