Un récit à deux voix, celles de l'autrice et de sa mère, sur la transmission et la mémoire traumatique.
Peut-on aimer quand on a survécu à l'horreur ? Comment trouver sa place quand on vient après ? Ce texte autobiographique est une rencontre inespérée entre une mère rescapée des camps de concentration et sa fille qui lutte pour grandir. C'est aussi un récit universel qui sonde la manière d'être au monde après un trauma et son empreinte sur la relation mère-fille.
Tout au long de ce livre défilent des sportifs exilés, des grands noms de l'art conceptuel, des infirmiers internationalistes, des musiciens célèbres ou underground, des poètes dissidents, des migrants qui traversent l'Amérique centrale, des fugitifs recherchés par le FBI, des sans domicile fixe et des suicidés, des revendeurs au marché noir, des balseros schizophrènes et les ivrognes, les flics et les travestis des nuits trépidantes de La Havane.
Ces personnages dessinent un tableau que je livre tel quel. Je n'ai pas cherché à les y intégrer ou à ne pas les y intégrer, ni à démontrer à travers eux une thèse, ni à trouver dans leurs histoires un nouveau fil conducteur ou une marque de fabrique cubaine. C'est la mise en scène d'un pays.
Charif Majdalani est passionné par les mélanges culturels et les identités plurielles, dans toute leur richesse, drôlerie et complexité. Il nous fait part de ses réflexions sur ces sujets alors qu'il revient d'un voyage lointain et qu'il survole de nombreux lieux qui le font rêver, avant d'atterrir à Beyrouth, sa ville, son lieu de vie, si emblématique de ces carrefours de populations.
Il part alors à la rencontre d'une vingtaine de personnes qui lui confient leur parcours et leur histoire familiale. Charif Majdalani les retranscrit dans un style littéraire à la façon de Svetlana Alexievitch dans La fin de l'homme rouge. Racontés à la première personne du singulier, ces récits incarnent des vies faites d'exil, d'émigration, de guerres, d'identités religieuses multiples ou d'amours contrariés. Comme Rawwad, chrétien et premier de sa classe en cathéchisme qui apprend de la bouche du directeur de son école qu'il est musulman par son père et juif par sa grand-mère. Ou Jenny, philippine, femme de ménage devenue esthéticienne, qui se désole de comprendre trop tard que rien n'a remplacé sa présence auprès de ses filles restées au pays. Ou encore Marylin, qui doit attendre de tomber sur son ancien amoureux par hasard dans les rues de Singapour, loin de sa famille libanaise désapprobatrice de cette union, pour oser se mettre en couple avec lui et avoir un enfant.
A travers ces monologues, Charif Majdalani dresse un portrait en kaleidoscope de Beyrouth, du Liban et de sa région, à l'image des croisements infinis qui se rencontrent partout dans le monde. Et offre un livre à la fois érudit et vibrant.
47 % des vertébrés disparus en dix ans : faut qu'on se refasse une cabane, mais avec des idées au lieu de branches de saule, des images à la place de lièvres géants, des histoires à la place des choses.
Olivier Cadiot Il faut faire des cabanes en effet, pas pour tourner le dos aux conditions du monde présent, retrouver des fables d'enfance ou vivre de peu ;
Mais pour braver ce monde, pour l'habiter autrement, pour l'élargir.
Marielle Macé les explore, les traverse, en invente à son tour. Cabanes élevées sur les ZAD, sur les places. Cabanes bâties dans l'écoute renouvelée de la nature, dans l'élargissement résolu du « parlement » des vivants, dans l'imagination d'autres façons de dire « nous ». Cabanes de pensées et de phrases, qui ne sauraient réparer la violence faite aux vies, mais qui y répliquent en réclamant très matériellement un autre monde, qu'elles appellent à elles et que déjà elles prouvent.
Marielle Macé est née en 1973. Ses livres prennent la littérature pour alliée dans la compréhen- sion de la vie commune. Ils font des manières d'être et des façons de faire l'arène même de nos disputes et de nos engagements.
C'était au début du printemps, par un jour de pluie.
Ce jour-là, elle m'a recueilli. Depuis, je suis son chat à Elle.
Un chat au franc-parler amoureux de sa maîtresse, une chatte rêveuse abandonnée, un chaton perdu dans sa nouvelle famille d'accueil et un chat de gouttière railleur... Ils vivent à Tokyo, dans le même quartier, se croisent et fraternisent au gré des saisons. Et non contents de bouleverser le quotidien de leurs humaines respectives, ils finissent par entremêler leurs vies.
Dans ce magnifique récit choral, femmes et félins se lient d'amitié et s'entraident pour apprendre, ensemble, la beauté de la vie. Un tableau urbain poétique sur la fragilité de la vie, son charme, la solitude et le jeu des apparences, porté par un style délicat et épuré.
« Un portrait à la fois critique et innocent de la société japonaise. À mettre entre toutes les pattes ! » Japan magazine
Naïri Nahapétian a vu sa vie basculer à l'âge de 9 ans, au moment de la révolution islamique en Iran. Elle quitte Téhéran pour Paris avec sa mère, pensant revenir quelques semaines plus tard. Mais l'exil dure. Et son père ne les rejoint pas. Des années plus tard, après une profonde dépression, Naïri se lance dans une enquête familiale pour comprendre ce qui a empêché son père de s'installer à Paris avec elles.
Des avenues chics du XVe arrondissement aux rues embouteillées de Téhéran, Naïri remonte le fil de ses souvenirs d'enfance en Iran, de son intégration dans la France des années 80 et de ses expériences de jeune femme. Tout en cherchant à résoudre l'énigme de l'interdiction faite à son père de quitter l'Iran, elle mène une réflexion sur le port du voile et sur la place des femmes dans la société iranienne comme française. Elle livre aussi une analyse de la vie politique contemporaine en Iran, dont elle est une experte reconnue en tant que journaliste.
A travers son parcours de vie, on découvre l'Iran et ce qu'a signifié la révolution islamique en particulier pour la minorité arménienne dont Naïri est issue. On saisit aussi combien une histoire familiale peut être marquée du sceau de l'histoire politique d'un pays.
Moi de mon côté, j'ai déjà dans l'idée de passer un an dans un commissariat. À l'heure où la police fait l'objet d'incessants débats, je veux comprendre ce que c'est, qu'être flic. Entrer dans leur tête. Raconter ce qui se passe, surtout quand il ne se passe rien, ou pas grand-chose. Raconter le quotidien : les contrôles, la paperasse, les découvertes de cadavre, les autopsies, les points de deal, les auditions, les accidents... Raconter les découragements. Que font les policiers, concrètement, et avec quels gestes ? Quels ordres reçoivent-ils et pourquoi ? Et quelles sont leurs limites ? Mikael Corre
«Avec ces hommes qui n'étaient pas de ma race, j'ai vécu au grand large plus de cinq lentes semaines. Je les ai vus à toutes heures du jour et de la nuit. Je les ai écoutés longuement, aussi bien lorsqu'ils chantaient que lorsqu'ils se plaignaient. Dans cette intimité de chaque minute, qui est le propre de la vie d'un navire morutier, j'ai senti leur fatigue, leur rancoeur et leurs espoirs.»Émile Condroyer, romancier et journaliste, rend un hommage puissant à tous les travailleurs de la mer confrontés à un élément qui ne connaît pas de repos.Dans Les Hommes dans la tempête, de Ouessant à l'île de Sein, de phare en phare, les coups de vent rythment la vie des navigateurs à l'ancre, des gardiens de phares, des sauveteurs et des familles restées au port. Peur, folie, mort tissent des destins tragiques, où le courage et l'héroïsme émergent en permanence.Dans les houles d'Islande est le récit d'une immersion de cinq semaines sur un navire morutier. Jour et nuit, dans l'intimité la plus étroite, Émile Condroyer est parti sur les traces des Pêcheurs d'Islande de Pierre Loti pour sentir le courage et l'humilité de ces héros maritimes.
Une femme marche sur le bord de la route. Le jour n'est pas encore levé, l'air est glacial. Un homme surgit derrière elle. Il porte un bonnet noir...
Durant trente ans, dans la Sambre, une petite région industrielle du Nord de la France, des dizaines et des dizaines de femmes sont agressées sexuellement ou violées au petit matin. Elles portent plainte, parfois à quelques jours d'intervalles. Elles ne sont pas toujours crues.
Un jour de février 2018, ces femmes apprennent l'arrestation d'un homme surnommé « le violeur de la Sambre ». Comment a-t-il pu commettre autant de crimes aussi longtemps sur un si petit territoire sans jamais être inquiété ?
C'est par cette question qu'Alice Géraud débute son enquête. La journaliste s'est plongée dans ces dizaines de plaintes abandonnées dans les commissariats de la Sambre.
Elle est allée à la rencontre de ces femmes, ces oubliées dont la vie s'est brisée un matin sur le bord d'une route. À elles toutes, elles racontent une histoire plus grande que la leur, celle d'une société et de ses institutions dysfonctionnelles face aux violences sexuelles. Bien au-delà du fait divers, ce livre est le récit de la lente bascule d'un système depuis la fin des années 80 jusqu'à l'ère #metoo. Il change définitivement le regard.
Lauréate des Prix :
Polar et Justice 2023 Du Livre du Journalisme 2023 Finaliste Prix Marianne/Un aller-retour dans le noir 2023 Finaliste Prix littéraire du Barreau de Lille Sélection pour le Grand prix des lectrices de Elle (mois de février) « Un violent coup de projecteur sur une société, pas si lointaine, qui nous fait honte.» Télérama « Un fait divers raconté avec brio. » L'OBS « Un récit à la fois sobre et haletant. » Libération « Limpide et glaçante, cette radioscopie d'un fait divers décortique chaque couche d'une effarante faillite collective. » Télérama « Une force incroyable. » France Inter « Un livre magistral. » M le Magazine du Monde « Une plongée saisissante au coeur des institutions judiciaire et policière. » Le Monde des livres « Une enquête impressionnante sur un dysfonctionnement général. » 28 minutes, ARTE « Un livre majeur et coup de poing. » Sud Radio « Une affaire hors norme. Un travail d'enquête titanesque. Une écriture à la fois précise et délicate. » Cheek
Tout commence par une missive inattendue que Patrice Franceschi reçoit depuis les brumes lointaines de Saint-Pierre et Miquelon, façon « Crabe-Tambour » : Sébastien Lemoine, jeune officier de marine dont il n'a plus de nouvelles depuis huit ans, lui annonce qu'il vient de prendre le commandement du patrouilleur Fulmar et s'apprête à partir en mission vers le cercle arctique. Il l'invite à le rejoindre. Huit ans plus tôt, il était second lieutenant à bord du trois-mâts La Boudeuse, dont le capitaine était alors Franceschi. Les rôles s'inversent et une étonnante expérience commence...
Patrouille au Grand Nord est le récit de ces retrouvailles et du périple rare qui va s'ensuivre. Au cours de leur navigation à travers les immensités polaires, les deux hommes et leurs onze camarades d'équipage se trouvent entraînés dans l'une de ces odyssées à la Jack London qui faisaient jadis la grandeur de l'aventure : danger des tempêtes au large de Terre Neuve, péril des icebergs errant partout, splendeur des glaciers cadenassant les fjords du Groenland, étourdissante beauté des aurores boréales, enchantement des baleines et rorquals hantant ces parages.
Menant des exercices de sauvetage avec la marine danoise, ils découvrent en même temps la vie des Inuits, partagés entre tradition et modernité, et prennent conscience que la beauté hors normes de leur monde est menacée par les enjeux géopolitiques dus au réchauffement climatique.
Au coeur de cet univers, les marins du Fulmar accomplissent leur mission et tirent de la contradiction entre leur existence dans le milieu clos de leur navire et les étendues démesurément libres où ils évoluent une forme « d'harmonie des contraires ». Des figures humaines attachantes se dévoilent ainsi au milieu des espaces glacés et font de cette Patrouille au Grand Nord un récit littéraire où action et poésie s'entremêlent à chaque page.
Grand reporter, Jean-Paul Mari est témoin depuis trois décennies des conflits qui ensanglantent le monde. Confronté à la mort de deux collègues journalistes en Irak, il décide de donner la parole à ceux qui, ni victimes directes, ni bourreaux, ont pourtant vu la mort de près, souvent de bien trop près.
Militaires, humanitaires et journalistes, tous ont été choqués et ont enfoui cette expérience au plus profond d'eux-mêmes devant l'incrédulité de ceux qui ne l'avaient pas vécue. Dans ce récit, Jean-Paul Mari libère leur parole, leur conscience et leur coeur. Il donne voix à l'indicible, à l'inconcevable, à ce que la société refuse de reconnaître, cette névrose post-traumatique de ceux qui reviennent tout droit du royaume des enfers.
En 1965, quatre jeunes étudiants de Harvard se lancent à l'assaut du spectaculaire mont Huntington, décrit comme le joyau caché de l'Alaska et l'une des plus belles montagnes au monde. Leur objectif est de tenter ce qui paraissait jusqu'alors impossible car beaucoup trop dangereux : gravir une véritable grande paroi en Alaska.
La Montagne de ma peur est le récit de cette ascension par l'un des quatre membres de l'expédition. Mais il raconte aussi comment une aventure merveilleuse peut soudainement basculer dans la tragédie et le désespoir par la disparition d'un de ses membres.
Paru en 1969, La Montagne de ma peur est le premier livre de David Roberts. Il s'y révèle un superbe écrivain, subtil et d'une honnêteté sans faille, qui tente de comprendre ce qui pousse des hommes à gravir des montagnes, parfois au péril de leur vie.
Les quatre mousquetaires de Montmartre. C'est ainsi qu'on appelait la joyeuse bande d'auteurs et d'amis composée de Francis Carco, Pierre Mac Orlan, Roland Dorgelès... et André Warnod. Écrivain, essayiste, journaliste, illustrateur et critique d'art, ce dernier n'a cherché ni la gloire ni la postérité. Il est pourtant l'auteur d'une oeuvre considérable sur l'art et l'histoire de Paris. Flâneur invétéré, conteur incontournable, il n'a eu de cesse de déambuler dans l'ombre pour livrer les innombrables secrets que recèlent les rues de la Ville-Lumière. Qui se souvient de la fête des fleurs et de la foire à la ferraille ? De la cavalcade du Rougevin ?
Des bals et des bistrots par milliers ? Des dessinateurs affabulateurs et des discrets photographes ? Des chanteuses s'époumonant sur le macadam et des gamins galopant à folle allure ? Printemps, été, automne, hiver, chaque saison est l'occasion d'infinies rêveries. André Warnod nous rappelle que Paris, avant d'être une fête, était un plaisir
À Chamonix, la jolie Parisienne Brigitte Collonges n'était venue chercher que le soleil et le plaisir des fêtes mondaines. Or, Zian, un jeune guide dont la montagne est toute la vie, lui révèle les joies de l'exploit et la splendeur des paysages intacts... Un exaltant partage qui devient grand amour. Cependant, tandis que Zian se consacre à sa passion, Brigitte découvre la solitude et les angoisses de l'attente. Entourée de villageois hostiles, elle étouffe. Et cette montagne, qui avait su les réunir, lui apparaît comme une rivale, vouée à les séparer.
Été 1957, sur la face nord de l'Eiger, la plus célèbre et la plus meurtrière paroi des Alpes, deux cordées tentent l'ascension:les Italiens Corti et Longhi, les Allemands Nothdurft et Mayer. Progressant à une lenteur incompréhensible pour ceux qui les observent au télescope, ils sont bientôt pris au piège...Afin de les arracher à l'abîme, un hallucinant sauvetage est organisé par une soixantaine de bénévoles, dont les meilleurs alpinistes du moment, comme le grand guide français Lionel Terray et l'Italien Riccardo Cassin. Du sommet de l'Eiger, l'Allemand Alfred Hellepart est descendu dans le précipice au bout d'un mince fil d'acier long de trois cents mètres... Corti sera-t-il sauvé à temps? Longhi survivra-t-il à son neuvième bivouac passé dans la paroi? Et qu'est devenue la cordée allemande?Quatre Hommes sur l'Eiger est l'histoire fidèle de cette ascension folle, infernale, impossible, et de ce sauvetage héroïque. C'est, heure par heure, le récit des fautes, des accidents, du désespoir des quatre hommes, des efforts incroyables des sauveteurs, de leurs doutes et de leurs difficultés, le tout sous l'oeil avide des reporters. Le journaliste américain John-Edward Olsen a mené tambour battant son enquête sur le plus vaste sauvetage jamais organisé en haute montagne. Un véritable «polar» alpin où tout est véridique. Jusqu'aux dernières découvertes, quatre ans après le drame...
Élevé dans un milieu non croyant, Daniel Tammet raconte sa conversion au christianisme à l'âge adulte. Quels épisodes de l'enfance, quelles rencontres, quels échanges ont été déterminants ? Peut-on réconcilier la foi et la raison ? Comment partager une expérience aussi indicible ? Ces Fragments de paradis, portés par cette poésie et ces fulgurances qui sont la marque de Daniel Tammet, dessinent la spiritualité d'un homme du XXIe siècle. Récit lumineux sur la quête de sens, ce livre est sans doute le plus intime de l'auteur et touchera les croyants comme les non-croyants.
En France la forêt est un mythe national et ancestral. Jules César redoutait déjà « la Gaule hirsute », recouverte de forêts, peuplées certes de belles sylves et nymphes méliennes, mais aussi de barbares redoutables.
Conteur hors pair, Alain Baraton nous invite à nous promener en sa compagnie dans quelques-unes de plus belles forêts de France. Le jardinier en chef de Versailles a noué une passion particulière pour les arbres. Il a été l'un des premiers en France à alerter sur les dangers qui les menacent, comme lors de la Tempête de 1999 qui signa la mort du tulipier de Marie-Antoinette, suivie de celle de son chêne, terrassé par la canicule de 2003. Qui a oublié l'image de ce géant déraciné, gisant dans la cour du Grand Trianon devant une foule venue le saluer une dernière fois ?
Illustres ou obscurs, les arbres sont des témoins de notre histoire. Les forêts nous racontent notre mémoire collective, celle de Compiègne, dans laquelle fut signé l'armistice de 1918, abrite le chêne du roi Saint Louis. Elles nous parlent de nos peurs et de nos rêveries, grandes et petites, comme la mythique forêt de Brocéliande, ou encore la terrible forêt de Mercoire qui abrita la bête du Gévaudan. Elles réveillent nos souvenirs d'enfance, quand la forêt des contes, hostile, initiatrice, est aussi bienveillante, peuplée de féérie.
Dans ce livre fourmillant d'anecdotes et de gai savoir, Alain Baraton nous parle aussi d'écologie heureuse et nous donne une bonne nouvelle : en France la forêt avance, elle a doublé sa superficie depuis 1850.
« En réaction à mes mots emplis d'amour, un frisson violent parcourt le corps de ma fille. À cinq ans, elle ne sait pas encore verbaliser ses émotions. Son corps exprime ce que ses mots ne parviennent à dire : que c'est injuste, qu'elle est inquiète et qu'elle a peur. Je viens de lui annoncer que son père est entré dans le coma - et qu'il ne se réveillera plus. » À trente-huit ans passés, entourée d'une famille aimante et de nombreux amis, Noémie renvoie l'image du parfait bonheur, de la réussite et de l'insouciance. Mais soudain, le drame fait irruption : son mari meurt, en pleine fleur de l'âge, d'un cancer foudroyant.
Vivre après Marc est le récit poignant d'une épouse et d'une mère face à la maladie et la mort. Comment aider l'être aimé à affronter les souffrances, les soins quotidiens, les embûches du parcours médical et, à la fin, l'inéluctable ? Comment l'accompagner dans ses derniers instants ? Comment préparer ses jeunes enfants au décès de leur père ? Comment garder goût en la vie quand tout s'écroule, et réussir à vivre heureuse, après Marc ?
«Depuis la nuit des temps, la forêt nous a nourris et protégés. En retour, nous avons exploité ses moindres ressources, jusqu'à l'épuiser.Aujourd'hui, dans un quotidien souvent anxiogène, nous ressentons plus que jamais le besoin de retrouver le lien qui nous unit à cet espace, pour nous ressourcer.J'ai grandi à l'orée de deux forêts, dans les plaines feuillues des Yvelines et les massifs résineux de Haute-Savoie.Deux lieux représentatifs de la manière dont les bois nous ont façonnés tout au long de notre histoire, et dont j'ai exploré le rôle, l'évolution, découvrant quelques mystères en chemin.Lors de cette immersion, j'ai rencontré des forestiers, des historiens, des musiciens... et même un druide, qui m'ont raconté comment ils vivaient cet univers de branches, de feuilles, de terre et de ciel.Cette promenade historique et sentimentale illustre comment la forêt continue de nous imprégner, de nous former en tant qu'êtres sensibles. Et de nous rappeler que, dans les bois plus qu'ailleurs, nous restons partie intégrante du grand monde naturel.»
C'est le simple « récit-photo » d'un voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie. La tentative pour porter, sur un corpus d'images inédites réunies clandestinement par Emanuel Ringelblum et ses camarades du groupe Oyneg Shabes entre 1939 et 1943, un premier regard.
Images inséparables d'une archive qui compte quelque trente-cinq mille pages de récits, de statistiques, de témoignages, de poèmes, de chansons populaires, de devoirs d'enfants dans les écoles clandestines ou de lettres jetées depuis les wagons à bestiaux en route vers Treblinka... Archive du désastre, mais aussi de la survie et d'une forme très particulière de l'espérance, dans un enclos où chacun était dos au mur et d'où très peu échappèrent à la mort.
Images de peu. Images éparses - comme tout ce qui constitue cette archive. Mais images à regarder chacune comme témoignage de la vie et de la mort quotidiennes dans le ghetto. Images sur lesquelles, jusque-là, on ne s'était pas penché. Elles reposent cependant la question du genre de savoir, ou même du style que peut assumer, devant la nature éparse de tous ces documents, une écriture de l'histoire ouverte à l'inconsolante fragilité des images
Laure Gasparotto a un rêve : devenir vigneronne. Ne plus seulement goûter et analyser les crus, légendaires, oubliés, novateurs, ni même les raconter mais tenter l'aventure à son tour. Mère de deux enfants et récemment séparée de leur père, la narratrice décide de tout changer. Épaulée par quelques amis, elle quitte Paris et achète un terrain dans les terrasses du Larzac. Ainsi naît son domaine, Les Gentillières. Au coeur de ces vallées pierreuses et secrètes, où la terre et le ciel luttent et échangent, l'enthousiasme l'emporte. La nature se donne, les jeunes enfants courent et arrachent le raisin rougissant, c'est déjà l'excitation des premières vendanges... Le monde de la vigne, pétri de légendes et de savoir-faire ancestral, est aussi un commerce, où il faut « faire son vin », le nommer, dessiner l'étiquette, le laisser prendre, le faire découvrir. Une aventure totale, entre chais, tracteurs, sécateurs et grêles...
Car le métier est rude, obsédant et dangereux. La vigneronne est seule dans ses champs, isolée face aux raideurs de l'administration et dans un univers masculin. La vigne réclame, la vigne vampirise. Ce n'est pas un métier mais une vie...
Dans ce récit de métamorphoses, Laure Gasparotto raconte ce changement de vie.
Stève Wilifrid Mounguengui quitte le Gabon et arrive en France à l'âge de 25 ans pour faire des études de philosophie. Avant de partir, il dit à sa mère qu'un seul mot d'elle pourrait le faire rester au Gabon, mais elle insiste : « Pars mon enfant, pars aussi loin que possible. Reste là-bas, l'essentiel est de réussir à vivre. Peu importe l'endroit où tu vis... Promets-moi que tu ne reviendras pas. Promets-moi. Quand tu pleureras de France je t'entendrai.» Il ne la reverra jamais, morte au pays avant qu'il ne puisse y revenir. À défaut de pouvoir enterrer sa mère, le poète lui construit un tombeau de mots.
Depuis toujours, Stève Wilifrid Mounguengui rêvait de la France, découverte à travers ses lectures innombrables, comme celles de Marcel Pagnol dont les paysages lui rappelaient ceux de Mouila, sa ville natale. « Lui aussi chassait comme moi, lui aussi avait un père bon instituteur et piètre chasseur du dimanche. Lui aussi habitait le château de sa mère.» D'une vaste écriture poétique, il parle de son arrivée en banlieue parisienne, de la façon dont il écrit, le matin à l'aube, dans le RER, lorsqu'il se rend au travail. Il raconte, comme un paradis perdu mais toujours enchanteur, son enfance au Gabon auprès de ses parents et de ses frères et soeurs, l'enfant des champs, l'étendue des plaines en lui, le chant des oiseaux, la lueur des lucioles... autant de tableaux somptueux d'une enfance simple auprès d'une mère courage, personnage charismatique et généreux, qui s'oublie pour faire le bien autour d'elle.
Ce récit raconte l'histoire véritable que le célèbre naturaliste américain John Muir a vécu avec un chien lors d'une expédition en 1880. Il s'agit d'un des livres les plus célèbres de cet auteur et certainement une histoire de chien les plus connues. On peut en avoir une lecture directe comme un traditionnel récit d'aventure, mais l'intention est plus profonde : il s'agit d'une analyse des relations entre l'homme et l'animal, qui vise à les rapprocher et à montrer finalement qu'ils ne sont pas si différents. Stickeen était au départ un petit chien inamical, mais après avoir survécu à un voyage périlleux à travers un glacier, il évolue et se laisse apprivoiser par l'homme qui constate que nos « frères horizontaux » ne sont pas si différents de nous au fond. Toute sa vie, John Muir conservera un culte particulier envers Stickeen. Il en parla souvent après son expédition, mais il lui faudra près de vingt ans pour écrire son récit et le publier dans une revue. Il remaniera à plusieurs reprises avant de le mettre en livre. Ce récit a souvent fait l'objet de publications illustrées pour la jeunesse. C'est un grand classique qui mérite une édition courante en langue française.
Il y a une famille, ordinaire : inscrite dans son époque, avec ses habitudes, ses qu'en-dira-t-on, son entre-soi ennuyeux. Chacun à sa place. La figure centrale est le père, et pourtant si peu là ; chacun s'appréhende en fonction de lui, sauf le « dernier » (le narrateur), décalé, hostile.
Le suicide du père vient ébranler la distribution des charges et démentir les certitudes. Le « on ne dit rien à personne » s'entrouvre : refoulés pendant des années, les souvenirs de l'« enfantprêté » refont surface. Les flous qui perduraient, déplacés sur le père et faisant de lui « un monstre », s'élucident.
C'est avec une écriture boitillante, un récit désarticulé aux conjugaisons mélangées que l'auteur sature la fracture, puis la « concorde » possible entre père et fils, mais du côté d'une balafre commune : « je / tu / fondus / Nos démolis » - dans l'ambivalence de la honte et de la culpabilité partagées.