La tragédie du XVIe siècle constitue encore un point aveugle de l'histoire du théâtre français. Ce genre rassemble pourtant des pièces d'avant-garde, dont le siècle suivant atténuera les audaces pour s'accommoder au goût d'un public plus policé. Acculturation humaniste du modèle antique ou instauration d'un théâtre calviniste militant, volonté didactique de présenter des personnages au comportement exemplaire ou scandaleux, puissance rhétorique des discours et violence crue des spectacles : telles sont les principales caractéristiques de cette dramaturgie originale.
Les quatre tragédies reproduites intégralement dans ce volume, deux à sujet biblique et deux à sujet profane, rendent compte de la diversité des expériences auxquelles ce théâtre a donné lieu, en faisant ressortir la singularité de chaque auteur.
En ce moment, rien ne va plus entre la belle Anna, fille de riches bourgeois parisiens et Louis, écrivain à succès. Ils ne se supportent plus et se cachent certaines choses. Un amant et une maîtresse, pour être plus clair. Louis est tombé éperdument amoureux de Marie, célèbre chanteuse, et Anna d'Adolf, un général allemand.
Tentant tout pour se cacher leurs secrets, le couple ignore quel destin l'attend. Un véritable cauchemar s'annonce.
L'action se dérouoe au Royaume du Kinango. Au palais royal se tient une réunion de famille qui doit convaincre le Roi de ne pas quitter le trône. Le peuple et les diplomates sont du même avis. Changeant de stratégie et soutenu par la Reine, le Roi décide de transformer le Royaume en République dont il admire les vertus. la faimme et le peuple s'y opposent. ces forces réussiront-elles à faire changer d'avis et de décision au Sauverain du Kinango ?
Christianisés au IIIe siècle, les Arméniens furent, dès 640, menacés par les Turcs. Lors de la conquête de la Grande Arménie, entre 1386 et 1394, Timûr, sinistre précurseur, massacra une grande partie de la population. Entre 1894 et 1896, sous le règne d'Abdul Hamid II, sultan depuis 1876, un plan d'extermination est dressé qui fera plus de 150 000 victimes. Initiateur du génocide arménien, Abdulhamid sera déposé par une junte en 1909, qui continuera avec application le massacre (plus d'un million de morts en 1915), et il mourra exilé à Thessalonique, en 1918.
En 1898, l'homme de lettres Edmond Fazy (1870- 1910) imagine, dans quelques pages d'un roman baroque, l'envoi à Constantinople d'Ubu et de Vacher l'Éventreur pour liquider le sultan. Mais Ubu va profi ter de cette mission spéciale pour reprendre le pouvoir ! À partir de cette fantaisie « hénaurme », Clément Maraud poursuit la geste d'Ubu sultan dont l'humour féroce dynamite la cruauté et la bigoterie d'Hamid le fourbe. Un siècle après le génocide de 1915, cette pièce est publiée et jouée (par le Théâtre d'Or) dans une période où la Turquie d'Erdogan renoue avec les vieux démons : réislamisation de la société, grignotage des libertés laïques et démocratiques, acharnement contre la minorité kurde, mais, comme dirait Ubu, il n'y a plus aujourd'hui d'Arméniens à décerveler.
En prélude au drame, une étude cerne la personnalité d'Hamid « le Saigneur », cet assassin méthodique.