« La société africaine noire au sud du Sahara germe et vit par essence à travers sa littérature orale comblée par le conte, le proverbe, le chant, le folklore, la devinette, la parabole, le mythe, etc. Toutes ses composantes constituent le menu central de la littérature orale. » Après des ouvrages consacrés à la linguistique, N. Lembe Masiala propose cette fois-ci une mise en avant de la littérature kongo. Dans un récit synthétique d'une grande clarté et d'une grande richesse, l'auteur revient sur les différentes composantes de la littérature orale en général, pour se concentrer par la suite sur les contes et les proverbes bongo, ayant une valeur éducative pour la jeunesse et une utilité pour la société congolaise. Rassemblés dans un corpus, ils nous invitent dans un voyage littéraire et culturel qui satisfera la curiosité des lecteurs.
"Lorsque Soumaoro a dit Qu'il ne rechercherait pas Soundjata pour le tuer, Et que lui-même entrerait au Manden, Cette parole fit peur à Mansa Dankarantouma.
Parce qu'à la mort de Farakoro Magan Mansa Dankarantouma hérita la peau de la chefferie.
Il était le premier fils.
Cette parole [de Soumaoro] lui fit si peur Qu'il abandonna le trône.
Il partit du Manden Pour Kissidougou.
En se disant: "Je viens dans ce village pour que je sois sauvé.
Sauver ma tête.
Je viens là pour que je sois sauvé"." L'épopée de Sunjata est l'une des plus importantes épopées qui circulent dans la zone soudano-sahélienne. En partant de l'histoire du Manden, Karamo Adama Diabate nous livre ici la version de l'école de Niagassola. Si le récit est fondamentalement bâti autour du personnage de Sunjata, il prend l'allure d'un discours structuré à la manière d'un raisonnement pédagogique dans lequel les questions oratoires, les explications et les commentaires se tiennent dans une cohérence digne du rang d'un belentigui - maître de la parole - mandingue. Des révélations autour de la naissance du Manden, la description de l'organisation de la société traditionnelle, l'histoire de Do-Kamissa la femme buffle, l'enfance difficile et l'exil de Sunjata, le règne de Soumaoro ou encore le sacre de Kouroukanfouga forment les principales articulations du récit. Cette version de Karamo Adama Diabaté fait émerger un nouveau regard sur le personnage de Soumaoro, conférant une densité nouvelle à l'exposé magistral du griot.