Oeuvres philosophiques (édition Michel Delon)

À propos

« Je me suis moins proposé de t'instruire que de t'exercer. » L'aveu liminaire des Pensées sur l'interprétation de la nature dévoile en partie le projet philosophique de Diderot, en même temps que sa relation au lecteur. Son propos n'est pas d'ordonner le monde, mais d'en refléter le caractère ondoyant, insaisissable. Si le réel, « cet immense océan de matière » où les formes apparaissent et se défont sans cesse, échappe à l'emprise de la raison, alors il faut, pour l'approcher au plus près, inventer une écriture capable de saisir la diversité de l'être. Diderot écarte l'idée même d'un savoir achevé, qui impliquerait l'existence d'un entendement divin. Il récuse tour à tour l'abstraction métaphysique et la philosophie rationnelle, qui méconnaît la sensation. Sa démarche est fondée sur l'observation des faits et l'enchaînement des conjectures. Vouée à l'incertitude, elle n'en poursuit pas moins sa quête interminable : elle « ne sait ni ce qui lui viendra, ni ce qui ne lui viendra pas de son travail ; mais elle travaille sans relâche ». Le sens se dérobe sous « la multitude infinie des phénomènes de la nature ». Comprendre, c'est encore interpréter. Le sujet lui-même se démultiplie - « naître, vivre et penser, c'est changer de forme » -, au point de disparaître - « Je suis transparent », déclare le Philosophe à la Maréchale - sous la superposition des discours : traductions, lettres, essais, dialogues, réfutations... Pas plus que Diderot ne se reconnaît dans son portrait par Van Loo, les oeuvres philosophiques ne font système. Elles tentent inlassablement de capter, dans un jeu de miroirs, une vérité partielle, éclatée. De Pascal à Rousseau en passant par Helvétius, l'auteur se définit en se confrontant ; il multiplie les masques - tour à tour d'Alembert ou Sénèque -, les emprunts, les citations ; touche-à-tout insatiable que la postérité n'a eu de cesse de réduire à telle ou telle de ses figures successives : sceptique, athée, matérialiste... La présente édition, en posant les principaux jalons de l'oeuvre philosophique - les Pensées datent de 1746, l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron de 1778 -, immobilise une instabilité de principe, sans interrompre pour autant la circulation du sens. Il appartient au lecteur, comme l'a voulu Diderot, de rétablir les liens entre ces textes épars, afin de les faire vivre et résonner entre eux.


Sommaire

Pensées philosophiques - Promenades de Cléobule - Lettre sur les aveugles - Lettre sur les sourds et muets - Pensées sur l'interprétation de la Nature - Le rêve de d'Alembert - Principes philosophiques sur la matière et le mouvement - Réfutation d'Helvétius - Entretien d'un philosophe avec Mme la maréchale de *** - Essai sur les règnes de Claude et de Néron.

Rayons : Littérature > Œuvres classiques


  • Auteur(s)

    Denis Diderot

  • Éditeur

    Gallimard

  • Distributeur

    Sodis

  • Date de parution

    18/11/2010

  • Collection

    Bibliotheque De La Pleiade

  • EAN

    9782070116423

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    1 412 Pages

  • Longueur

    17 cm

  • Largeur

    10.5 cm

  • Épaisseur

    3.5 cm

  • Poids

    550 g

  • Support principal

    Grand format

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Denis Diderot

Reconnu comme le maître d'oeuvre de l'Encyclopédie, Diderot (1713-1784) édifia une oeuvre riche, complexe, originale, représentative du siècle des Lumières. Entre philosophie et littérature, roman et théâtre, sa modernité ressort de son goût pour les idées neuves, de sa curiosité pour les sciences, de la hardiesse de sa pensée - ce qui n'a pas manqué de lui
valoir quelques déboires avec les autorités. Il est la figure emblématique de l'écrivain-philosophe.

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